Dans cet épisode de « Tech Paf », chronique proposée par Radio Nova et Chut ! Magazine, Sophie Comte revient sur le lancement par Elisabeth Borne le 16 juin dernier à VivaTech du programme TechPourToutes porté par la Fondation Inria et ses partenaires fondateurs.
Elle rappelle l’importance d’un tel programme face aux paradoxes que rencontre le monde de la tech. Ce secteur symbole de modernité, aujourd’hui en pleine effervescence avec l’explosion de l’intelligence artificielle ou la montée en puissance de la cybersécurité, ne compte pourtant que 15 % de femmes parmi ses effectifs. Ainsi, les outils que nous utilisons chaque jour sont majoritairement conçus par des hommes, et cette absence de mixité et de diversité au sein des équipes tech favorisent la profusion de biais sexistes et racistes.
Comment expliquer ce décalage alors que, comme le rappelle Elisabeth Borne dans son discours, les femmes ont été pionnières du numérique avec des figures telles que Ada Lovelace, Alice Recoque ou Grace Hopper ?
Ce phénomène, Isabelle Collet l’analyse dès 2017 dans son livre Les Oubliées du numérique. Selon la chercheuse, les femmes vivent une véritable censure sociale depuis les années 1980. Les hommes ont alors massivement investi le secteur, mettant les femmes sur le banc de touche et nourrissant les croyances et les représentations de genre biaisées avec, en premier lieu, l’image du geek, jeune homme blanc à capuche. Depuis lors, difficile pour les femmes de se projeter dans un univers qui ne leur ressemble plus.
Pourtant, les métiers du numérique sont bien payés et en pleine expansion. Plus que nourrir les représentations biaisées, l’absence massive des femmes dans le secteur amplifie également les inégalités économiques et salariales, avec le risque d’un véritable retour en arrière sociétal. Alors, comment faire revenir les femmes dans le game ? La solution proposée par TechPourToutes est authentiquement politique et vise à créer un front commun en mobilisant au sein d’un programme national tout l’écosystème des établissements, des entreprises, des associations, des femmes… mais aussi des hommes, toutes et tous engagés pour la féminisation de la tech.